Fin août 1572. à Paris, des notaires dressent des inventaires aprèsdécès, enregistrent des actes, règlent des héritages. Avec minutie, ils transcrivent l¹ordinaire des vies au milieu d¹une colossale hécatombe. Mais ils livrent aussi des noms, des adresses, des liens. Puisant dans ces archives notariales, Jérémie Foa tisse une microhistoire de la Saint-Barthélemy soucieuse de nommer les anonymes, les obscurs jetés au fleuve ou mêlés à la fosse, à jamais engloutis. Pour élucider des crimes dont on ignorait jusqu¹à l¹existence, il abandonne les palais pour les pavés, exhumant les indices d¹un massacre de proximité, commis par des voisins sur leurs voisins. Car à descendre dans la rue, on croise ceux qui ont du sang sur les mains, on observe le savoir-faire de la poignée d¹hommes responsables de la plupart des meurtres. Sans avoir été prémédité, le massacre était préparé de longue date [xe2][x80][x93] les assassins n¹ont pas surgi tout armés dans la folie d¹un soir d¹été. Au fil de vingt-cinq enquêtes haletantes, l¹historien retrouve les victimes et les tueurs, simples passants ou ardents massacreurs, dans leur humaine trivialité[xc2][xa0]: épingliers, menuisiers, rôtisseurs de la Vallée de Misère, tanneurs d¹Aubusson et taverniers de Maubert, vies minuscules emportées par l¹événement