44 Musique (s) afro-américaine (s)

L'album doit son titre à la convocation historique 'come sunday', symbole du jour de culte où des esclaves africains se rassemblaient pour prier et chanter selon la tradition call and response avec ses échanges de phrases typiques où la première appelait une réponse ou commentaire de la suivante.

Clarinettiste virtuose des célèbres Klezmatics, David Krakauer est aujourd'hui l'une des figures les plus emblématiques et talentueuses de la mouvance proprement new-yorkaise de la nouvelle musique Klezmer, occupée à revivifier une tradition ancestrale, ouverte par nature aux influences musicales les plus diverses. Il y a une authentique modernité dans cette façon fascinante de pointer une certaine filiation tant spirituelle qu'esthétique, entre une tradition musicale folklorique, fondée sur la virtuosité instrumentale, l'expressivité, l'improvisation et les formes les plus contemporaines du jazz actuel, universaliste dans sa façon d'embrasser toutes les cultures et de les intégrer en retournant consciencieusement aux sources de chacune.

Après un séjour fondateur sur l'Ile de la Réunion, elle a inventé, autour de son saxophone baryton, un univers multicolore qui invite à la danse. Récompensée par la critique et ovationnée sur de grandes scènes, elle poursuit son parcours avec une vitalité impressionnante. Après deux albums sur le label ACT dans une veine groove et électrique, réalisés en connivence avec le guitariste Nguyên Lê, elle présente ici un quartet acoustique, résolument jazz, mais toujours original, entourée de musiciens de renommée internationale.

Le trio emmené par Colin Vallon a trouvé sa place dans l'univers surpeuplé des trios avec piano en éprouvant discrètement ses conventions. Sur son troisième album chez ECM, il dirige à nouveau le groupe, non pas avec un étalage de solos virtuoses, mais par de patientes esquisses de la mélodie et à travers l'exposition de structures dans lesquelles des improvisations de groupe superposées peuvent se produire. Avec cette formation, des rythmes doux mais insistants peuvent déclencher des événements musicaux sismiques.

Pour les quatre membres du quartet, 2019 aura une signification toute particulière. C'est en effet au cours de cette année qu'ils souffleront les bougies du dixième anniversaire de la création du groupe, avec en guise de cadeau un troisième album, The year of the pig, à paraître début février. Si leur précédent opus leur avait permis de convier plusieurs amis et musiciens phares de la scène hexagonale en les personnes d'Emile Parisien, Pierre de Bethmann et Manu Codjia, c'est tout naturellement que les quatre membres de Flash Pig ont eu envie pour celui-ci de se retrouver seuls. De prendre un peu de recul et de matérialiser des envies musicales qu'ils ont pu nourrir tout au long de ces dix ans. Il en résulte un disque plus intimiste, plus libre, articulé autour d'une longue suite où prendre le temps semble être le mot d'ordre. L'astrologie chinoise prête au cochon les qualités de calme et d'assurance. A travers ce troisième album, Flash Pig semble s'y conformer...

Il y a 90 ans naissait Un américain à Paris une comédie musicale sur une musique de George Gershwin qui allait faire le tour du monde. C'est le cadre léger mais raffiné de cette oeuvre qui a inspiré Enrico Pieranunzi pour cette célébration judicieuse : le pianiste partage les harmonies enrichies de Gershwin avec son frère, le violoniste Gabriele Mirabassi et le clarinettiste Gabriele Mirabassi.

Drôle de trio, tout à fait inhabituel dans l’univers du jazz. Et pourtant ! Les dix morceaux qu’il propose sont complètement ancrés dans leurs origines. Le vibraphone et le marimba de Benoit se rapprochent des instruments africains, des balafons par exemple ; il sait en jouer avec finesse.

Et lorsque la batterie rehausse le son du marimba, on atteint une profondeur impressionnante de précision et d’écoute réciproque. Mais le vibraphone sait aussi se faire mélodique. Msafara, plage très dansante, marie une magnifique mélodie à un rythme endiablé scandé par le trombone de Stéphane et la batterie de David.

Un trombone basse époustouflant
Avec son large spectre, le trombone basse offre à Stéphane une expression qui va de la complainte à la rage en passant par l’émotion pure. Serpente, le morceau qui donne son nom au cd, nous fait suivre sa magnifique ligne mélodique, soulignée par le vibraphone, qui par moments prend le dessus, puis les deux repartent à égalité, répètent et accumulent de la puissance dans un moment d’attente poussé par la batterie pour éclater dans un mélange à trois puissant et libérateur.

Un jazz assumé
Certaines plages plus calmes mettent en avant les racines jazz de ces trois musiciens qui s’entendent à merveille, ce qui leur permet, au sein d’une musique très collective, de fouiller les possibilités de leur instrument. Leur inspiration africaine est très présente. D’ailleurs Famoudou Konaté, maître percussionniste malinké originaire de Guinée, est invité sur un morceau.

Le sixième volet de son odyssée du blues conduit Mighty Mo Rodgers dans le Sud d'autrefois. Tout au long d'un périple musical habité, nous le suivons dans le dédale de souvenirs portés par la mémoire d'un oncle resté enchaîné douze ans durant dans un chain gang, et d'un père né à peine vingt après la fin de l'esclavage. Qu'il croise le fantôme de la Highway 61, se recueille sur une tombe anonyme, observe les arbres qui portent des victimes du lynchage ou fasse la fête dans un "juke joint", Mo apporte la preuve que le blues nous aide à chasser les ténèbres en nous incitant à trouver la lumière. "Pour comprendre le monde, il faut commencer par comprendre un endroit tel que le Mississippi", écrivait William Fauklner, Mo ne dit pas autre chose en signant ce véritable chef d'oeuvre poétique.

Earthly Bird est un groupe de blues sans frontières servi par quatre improvisateurs d'aujourd'hui. Il a été créé en août 2013 au Festival Meteo de Mulhouse par le saxophoniste Sébastien Coste qui a réuni autour de lui : Benat Achiary, le voyageur-improvisateur basque, le guitariste incandescent Julien Desprez et le capital batteur Edward Perraud. Leur hommage aux oiseaux terrestres libère une musique chargée de blues, de bruissements d'ailes et de chants sauvages.

Entre funk, soul et jazz, le bassiste de légende que l'on ne présente plus est de retour pour ce disque avec en special guests l'impressionnante Selah Sue mais aussi Trombone Shorty et Take 6.

"A travers ces huit instrumentaux, j'ai eu envie de voyager entre la funk music à la française, le free jazz, la pop, l'afro beat, les musiques de films érotiques et d'horreur. J'y raconte mon parcours de vie à travers ces dernières années, qui fut haut en couleurs, passant tout près de la mort, pour finalement réussir à donner la vie alors que tout espoir semblait perdu. Ces nouvelles compositions traduisent plus que jamais mon envie de faire fusionner les genres et les sons. L'orchestre lui-même est composé de trois groupes de musicien(ne)s : une section rythmique (clavinet-orgue, guitare, guitare basse, et batterie), 4 cuivres et vents (trompette, trombone, deux saxophones) et un quatuor à cordes." Fred Pallem

Lead Belly a écrit ou porté à la connaissance du public des chansons qui, grâce à lui, sont devenues des standards souvent réenregistrés par des stars de la musique rock-pop actuelle. Il n'était pas facile d'être un homme noir et fier au début du siècle dernier. Deux fois condamné à de lourdes peines au Texas et en Louisiane, il sera deux fois gracié (la seconde fois avec l'aide de John et Alan Lomax qui le découvriront dans le pénitencier d'Angola) par les gouverneurs de ces deux états, impressionnés par son talent unique et son charisme. Les deux stars du blues contemporain lui rendent ici hommage.