Durant l'Occupation à Paris, le poète arménien Missak Manouchian (Simon Abkarian) est sollicité par la Résistance pour prendre la tête d'une armée de jeunes combattants de l'ombre, juifs, espagnols, italiens, hongrois, polonais, arméniens, roumains, tous déterminés, au péril de leur vie, à défendre la liberté de leur pays d'adoption contre l'envahisseur nazi. D'origines arménienne et allemande, le réalisateur de gauche Robert Guédiguian s'est profondément investi dans cet hommage aux figures héroïques et légendaires du groupe Manouchian, héros de la classe ouvrière et populaire, célébrés par les communistes français. Si la reconstitution historique, défaut du cinéma français, apparaît souvent ampoulée et maladroite, plombée par la musique envahissante d'Alexandre Desplat et les chansons d'époque, le film remporte la mise lorsqu'il s'attache au quotidien des personnages, dont la jeunesse, la bravoure et la grâce sont magnifiquement restituées par la brochette des jeunes comédiens justes et attachants (Gregoire Leprince-Ringuet, Robinson Stevenin, Adrien Jolivet, George Babluani.). Robert Guédiguian prend en cela le contre-pied de "L'armée des ombres", film référence sur la Résistance, en plaçant ses héros ordinaires dans la lumière (au propre comme au figuré), s'arrêtant sur les raisons de leur engagement mais aussi sur leurs rapports amoureux et familiaux. Tragédie annoncée, "L'armée du crime" s'attache également à dépeindre l'ignominie de la police française de l'époque. En salles en 2009, ce film humaniste et poignant, qui dénonce la xénophobie et le racisme, est un louable appel à la solidarité et à l'engagement, à une époque en manque de valeurs et de héros.
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