La musique tzigane ne laisse pas indifférent. Rares sont ceux qui résistent à cette sorte d'envoûtement dans lequel plongent ces airs, dont la sensualité tient autant de l'instrumentalisation qu'au genre lui-même. La langueur du "lassan", les bondissements des "friskas", et jusqu'au timbre diabolique du "zimbalon", tout évoque ces gens attachants, au teint cuivré, au costume multicolore, et qui ont su, mieux que personne, exprimer dans une musique exceptionnellement éloquente, des états d'âme qui ne sont rien de moins que l'idéal de leur nation. Musique très libre, essentiellement d'improvisation, exigeant une grande virtuosité dans l'exécution, elle oppose des passages à la fougue sauvage, indomptable, à d'autres d'une langueur et d'une nostalgie propres au peuple qui les chante. "C'est, disait Liszt, une musique qui exige une interprétation hautaine et mélancolique". Les morceaux qui composent ce disque constituent un éventail des différentes formes d'expression de la musique tzigane. La Czardas y domine, et, débutant en une introduction lente et pathétique, explose sur un rythme endiablé d'une tragique beauté. L'orchestre de Yoska Nemeth est le meilleur ensemble de son époque et du genre en France. Son violoniste remarquable et les musiciens qui lui donnent la réplique sont remarquables autant par la précision, la spontanéité, la diversité de leur interprétation que par leur virtuosité.
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